Dans les régions où, depuis plus de dix ans, QDM est engagée en partenariat avec des organisations sociales locales, les femmes sont, parmi les personnes vulnérables, les premières victimes de la pauvreté. Leur autonomisation est confrontée à des freins socioculturels spécifiques. Au Maroc, 42% des femmes de plus de 15 ans sont analphabètes, 60% au Sénégal et 75% au Mali. Dans le monde, 53% des femmes occupent des emplois vulnérables et 70% des femmes ont subi des violences au cours de leur vie.
Afin de venir en appui à l’autonomisation socio-économique des femmes marginalisées, et pour renforcer leur pouvoir d’agir, QDM a développé de manière participative des outils qui intègrent la perspective de genre (PG) dans différents secteurs du développement; notamment l’alphabétisation, le leadership, l’appui à l’entrepreunariat social et solidaire.
Le programme FDM est en totale cohérence avec les politiques nationales et internationales d’égalité de genre et de droits des femmes. En effet, les gouvernements de nos partenaires sont tous signataires de la convention internationale CEDEF, qui les oblige à garantir les droits des femmes et à instaurer des mesures concrètes pour faire face à la discrimination envers les femmes.
En ce qui concerne l’Economie Sociale et Solidaire (ESS): certains États ont légiféré sur l’ESS, d’autres sont sur le point de le faire. Les réseaux de promotion de l’ESS sont actifs dans tous les pays du réseau FDM, et appuient les États dans l’élaboration des stratégies pour intégrer l’ESS dans les plans de développement nationaux. Les partenaires du programme sont membres des réseaux nationaux qui se retrouvent au sein du RIPESS (réseau Intercontinental). Au sein de ces réseaux, un travail de plaidoyer est mené pour la prise en compte de la PG dans les politiques publiques relatives à l’ESS ou dans les pratiques des acteurs de l’ESS. Ainsi, en 2013, la “déclaration de Manille” pour une perspective genre dans l’ESS a été adoptée par le RIPESS.
Niveaux d’action du projet Femmes du Monde
1️⃣ Au niveau micro :
Le programme est exécuté par les partenaires, dans une approche intégrée sociale et économique, avec la mise en place d’actions alternant 1) le renforcement des compétences personnelles et techniques des femmes, et 2) le leadership collectif, afin de d’accompagner la transformation de leurs activités économiques précaires vers des entreprises sociales et solidaires avec PG. Un travail sera mené avec les hommes de l’entourage, identifiés comme des freins à l’émancipation des femmes, afin de les impliquer dans leur empowerment.
Dans cette optique, vont être mises en place des incubatrices d’entrepreneures solidaires et citoyennes avec une PG au Maroc, Mali et Sénégal.
Sur chacun des territoires, les partenaires construisent une dynamique territoriale multi-acteurs et d’alliances stratégiques avec d’autres organisations de la société civile, les acteurs de l’ESS et les institutions.
2️⃣ Au niveau meso :
Le programme travaille 1) au renforcement des capacités et à l’appui technique des partenaires, et 2) à la construction d’un réseau sud-sud-nord d’entrepreneures sociales et solidaires et d’organisations sociales, qui échangent leurs expériences, leurs connaissances, et leurs produits.
3️⃣ Au niveau macro :
Le programme travaille sur 1) l’organisation d’évènements internationaux, séminaires de formation, marchés solidaires, 2) l’élaboration d’outils et de guides participatifs sur les thèmes du programme, en intégrant la PG, 3) la conceptualisation des pratiques, la rédaction d’articles et de notes conceptuelles sur les thèmes du programme, 4) la mise en lien des organisations membres du réseau FDM avec les réseaux nationaux et internationaux d’ESS, 5) le lobbying institutionnel pour intégrer la PG au niveau des lois et des cadres normatifs de l’ESS.
Chaque entité a développé des stratégies différentes pour avoir un local adapté: Maroc incubatrice itinérante appuyé sur les locaux des femmes et l’entraide nationale, Sénégal location d’un espace cofinancé par les l’OSC et la production des femmes, Mali construction d’un local. Bolivie possède ses propres locaux destinés à la formation et à l’accompagnement à l’entreprenariat. Le collectif de recyclage Loma Verde (Colombe), a obtenu un local pour le stockage du matériel avec la municipalité de Suba.
Activités principales
✅Accompagnement des équipes à la mise en oeuvre des projets terrains: missions, animation des échanges, suivi du projet
✅Formation des facilitateurs/trices du réseau sur les thématiques du projet et les outils du réseau.
✅Ateliers de formation/réflexion et d’application des outils avec les collectifs de femmes sur l’ensemble des thématiques travaillées dans les programmes: ESS avec PG, leadership démocratique et participatif,
✅Cours d’alphabétisation avec PG pour femmes et ouverture des classes pour hommes.
✅Mise en réseau des collectifs entre eux et avec des acteurs du champ de l’ESS à l’échelle locale, nationale et internationale
✅Réalisation d’un séminaire de formation internationale par an
Résultats attendus
1️⃣ Les groupes de femmes ont transformé leurs activités économiques en entreprises sociales et solidaires avec PG et s’articulent avec les autres acteurs économiques et institutionnels sur leurs territoires.
2️⃣ Toutes les femmes participant au projet ont augmenté leur confiance en elles, leur implication et leur capacité d’initiative sur leur territoire.
3️⃣ Les femmes participant au projet connaissent leurs droits, reconnaissent les situations de violence et les dénoncent; elles sont capables de solliciter un accompagnement, d’entreprendre les démarches pour revendiquer et défendre leurs droits.
4️⃣ Des groupes d’hommes comprennent et reconnaissent les injustices de genre et réfléchissent sur leur responsabilité commune dans l’accès aux droits des femmes et des hommes sur les territoires du réseau.
5️⃣ Sur chaque territoire, s’est créé un réseau local de prévention, protection et promotion des femmes, composé d’organisations sociales, d’institutions et des groupes des femmes du projet.
6️⃣Les groupes de femmes du projet sont articulés avec les réseaux locaux et nationaux d’ESS, et revendiquent l’intégration du genre dans l’organisation politique de l’ESS.
7️⃣Le réseau d’organisations sociales sud-sud-nord « Femmes du monde » est consolidé et continue à construire des actions en réseau.
Pour toutes les organisations locales ainsi que pour QDM, la participation au projet a été un facteur important de l’acquisition d’expertise en matière de genre, masculinités et d’ESS. Cette expertise est reconnue tant par les habitant.es de leurs communautés, que par les autorités locales, voire nationales ainsi que des autres organisations et entités de coopération internationale. Elle a permis de démultiplier les effets du projet. En effet, dans le cas du Sénégal, de la Bolivie et du Maroc, les entités ont été sollicitées par les gouvernements pour participer au développement des politiques publiques relatives au genre et à l’entreprenariat féminin.
Incubatrice Sénégal
L’incubatrice au Sénégal s’est mise en place dans un local loué par l’organisation – un endroit fixe qui a permsi de développer un plus large réseau d’entrepreneures dans la région, le PFDES, élargissant ainsi le périmètre d’action du projet, augmentant le nombre des participant.es au projet.
Incubatrice Bolivie
Basé sur l’économie sociale et solidaire dans une perspective de genre, il s’agit d’un modèle économique alternatif qui se préoccupe du bien commun plutôt que du bien individuel. Il favorise la réalisation d’objectifs communs.
Il soutient toutes les femmes qui souhaitent créer leur propre entreprise en s’appuyant sur les compétences techniques et les aptitudes acquises dans le cadre des cours de formation technique complète. Il encourage également les femmes qui ont une entreprise qu’elles souhaitent améliorer et renforcer.
En 2022, environ 200 femmes ont participé à l’incubatrice d’entreprises, dont 21 ont été formées pour renforcer leur travail.
Entrepreneuriat social et solidaire :
Il vise à renforcer les connaissances et les compétences pour améliorer la capacité de production et le développement personnel des femmes entrepreneurs. Il établit des liens pour créer des groupes de femmes dans le même domaine, en encourageant le travail en commun. Jusqu’en 2022, environ 21 entreprises communes ont été encouragées.
Réseau de femmes entrepreneures :
Il s’agit de femmes qui travaillent pour leur indépendance économique, en créant des espaces de travail en commun et en générant de nouvelles marques avec les femmes qui ont participé aux cours de formation intégrale.
Au sein de ces entreprises, il existe huit groupes de femmes qui participent déjà à des foires et à des événements où elles ont reçu le soutien du public extérieur.
Les groupes actuellement en activité sont les suivants :
Jayuana – tissage et artisanat
Warmi to Woman – tissage et artisanat.
Recostura – femmes qui cousent à partir de matériaux recyclés.
Amankay – savons faits à la main.
Sisu Women – femmes conductrices qui offrent des services de transport.
Uma-Thaya – femmes offrant des services de construction.
Suma Phukhu – femmes fournissant des services de restauration.
Lluviella – prestataire de services alimentaires est une entreprise unipersonnelle.
Toutes ces entreprises ont reçu une formation complète et ont été renforcées dans les domaines concernés.
Les unités productives des femmes, commercialisaient déjà leurs produits et se sont réunies en réseau pour se soutenir et développer leur capacité à répondre au marché. Les réseaux se réunissent tous les 15 jours pour planifier leurs actions, participent régulièrement à des foires diverses ; les réseaux sont indépendants, chacun a sa propre dynamique, ils s’articulent entre eux et avec d’autres réseaux d’ESS, comme le Mouvement pour l’Économie sociale et Solidaire ou ECOSOL Bolivie pour gagner de l’impact.. Red d’associations Multiactiva – REDAM c produit de textiles et d’artisanat. Mama Quilla coordonne 7 unités de production (familiales) de textiles et de produits artisanaux et toutes participent au projet.
Incubatrice Maroc
Larache –
Le projet est mené en partenariat avec le bureau régional de la FLDF à Larache, et soutenu par la fondation DROSOS. L’objectif principal du projet est de renforcer les droits sociaux, politiques et économiques des femmes et des filles des quartiers populaires de la Province de Larache au Maroc. Au cours de la première année du projet, un « guide d’accompagnement pour l’intégration de la perspective de genre dans les modules de formation destinés aux éducatrices-teurs du préscolaire » a été créé. Le guide à été développé en collaboration avec la délégation provinciale de l’éducation national à Larache. Il sera accompagné du manuel de formation national, qui est un référentiel national. Il est destiné aux personnes qui facilitent, animent et enseignent dans des associations et des institutions publiques et privées. Il a été testé et appliqué par les formatrices lors des sessions de formation des groupes de femmes et de filles lors d’un processus de formation qualifiant avec une certification délivrée par la délégation provinciale de l’éducation nationale qui peut faciliter aux lauréates un accès à des opportunités d’insertion ou de réinsertion dans le marché du travail avec des conditions de travail dignes.
De plus, le projet a permis la création d’une incubatrice qui offre une variété de services cruciaux aux femmes vulnérables et victimes de violences basées sur le genre :
– Ateliers sur le genre et l’accès aux droits avec une approche intersectionnelle
– Un cours d’alphabétisation avec une perspective de genre
– Une halte-garderie
En plus des services destinés aux groupes de femmes et filles, l’incubatrice a organisé des réunions ouvertes d’échange avec l’écosystème d’acteurs. Les journées ont permis l’initiation d’une coordination et d’un dialogues entres les acteurs du territoire proposant des services d’accompagnement, l’Institut Spécialisé de Technologie Appliquée LARACHE, la Fondation de Recherche, de Développement et d’Innovation en Sciences et Ingénierie (FRDISI), la Pépinière d’incubation des jeunes entrepreneurs à la province LARACHE, la Plateforme des jeunes LARACHE et le Réseau des Associations de Développement (RADEV). L’objectif des journées était de promouvoir l’autonomisation socioéconomique des femmes et des jeunes